Production : France 3, Point du Jour,
avec la participation
du ministère français des Affaires étrangères, 1997.
Distribution : Point du Jour International.
Vidéo, couleur et noir et blanc, 59min.
sous-titré en français
Présenté en avant-première mondiale à lInstitut du Monde Arabe de Paris, le lundi 23 février 1998 ; puis diffusé sur France 3 fin 1998 dans le cadre de lémission de Bernard Rapp "Un siècle décrivain".
Présentation :
Poète de l’exil et de la tragédie palestinienne, Mahmoud Darwich est né en 1942 dans un village de Galilée. Enfant, il a participé à l’exode des réfugiés palestiniens de 1948.
Revenu en Israël, Arabe israélien réfugié dans sa propre patrie, il a commencé à écrire dès 1965, alors que la population arabe de l’état d’Israël était encore soumise à un régime spécial d’administration militaire. La blessure qu’il porte en lui est une blessure collective, aussi s’impose-t-il un peu comme la voix de son peuple. En 1971, il décide de s’exiler.
C’est alors un long parcours qui se dessine, dans une solitude à laquelle il est désormais attaché. La popularité des poètes est immense en Orient où la poésie est considérée comme un art vivant.
Lorsque Mahmoud Darwich donne un récital au Caire, à Beyrouth ou à Alger, des foules considérables viennent scander ses vers avec lui. C’est cette ferveur populaire, cette émotion que le film tente de faire partager. Aux antipodes d’une littérature militante, tout en étant profondément engagée, sa langue poétique a su trouver une voix entre le particulier palestinien et la souffrance universelle.
Le film est construit autour de divers entretiens avec Mahmoud Darwich ; un commentaire analyse les principales étapes de sa vie dont l’écriture ne peut être dissociée.
[...] Je n'avais pas besoin que l'on me contât mon histoire.
La réalisatrice Simone Bitton reviendra cinquante ans plus tard dans mon village natal [Birwa, en Israël] pour filmer mon premier puits et la première eau de ma langue.
Elle se heurtera au refus des nouveaux occupants des lieux et enregistrera ce dialogue avec le responsable de la colonie israélienne.
" Ici est né le poète.
Moi aussi, j'y suis né. Lorsque mon père est arrivé ici, il n'a trouvé que des décombres. Nous avons commencé par habiter les tentes, puis des masures. J'ai mis vingt ans avant de pouvoir bâtir une maison et tu veux que je la lui donne ?
Je veux seulement filmer ces décombres, ce qui reste de sa maison. Il a l'âge de ton père. N'as-tu pas honte de réagir ainsi ?
Ne sois pas naïve. Ils réclament le droit au retour.
Aurais-tu peur qu'ils l'obtiennent ?
Oui.
Et qu'ils te chassent comme tu les as chassés ?
Je n'ai chassé personne, moi. On nous a débarqué des camions et on nous a dit : c'est ici, débrouillez-vous. Mais qui est ce Darwich ?
Un homme qui a écrit sur ce lieu, sur ces figuiers de Barbarie, sur ces arbres et sur ce puits.
Quel puits ? Il y a huit puits dans ce village. Quel âge avait-il ?
Six ans.
Et l'église ? Est-ce qu'il a écrit sur l'église ? Il y avait une église, mais elle a été détruite. Ils ont par contre gardé l'école pour loger les vaches laitières et les veaux.
Vous avez transformé l'école en étable ?
Et pourquoi pas ?
C'est vrai ; après tout pourquoi pas ? Ils avaient un cheval aussi. Les arbres fruitiers sont-ils encore là ?
Naturellement. Lorsque nous étions enfants nous nous nourrissions de leurs fruits. Des figues et des mûres et tout ce que Dieu a créé. Ces arbres sont toute mon enfance.
La sienne aussi."
Un siècle d’écrivains
Collection d’émissions littéraires de 45 minutes dirigée par Bernard Rapp, produite et diffusée par France 3 de 1995 à 2000.
Chaque émission est le portrait d’un auteur du XXème siècle à travers sa biographie et son œuvre. Confiée à des réalisateurs et à des producteurs différents selon un cahier des charges défini, la série Un siècle d’écrivains rassemble 257 portraits du monde des lettres international.