Mahmoud Darwich est poète. Il est aussi palestinien.
Arraché à sa terre à lâge de 6 ans, il fut ballotté dans la tourmente politique et la guerre de libération.
Porte-parole malgré lui de tout un peuple, Darwich enfourcha le cheval de la diatribe et guerroya avec les mots. Ses premiers textes furent associés à la Cause, sans toujours y avoir été préparés.
Lui, si exilé, déjà, en son fort intérieur, naspirant quà chasser la muse, a été aspiré par la tornade OLP. A tel point que lun de ses poèmes " mit le feu " à la Knesset et créa un incident diplomatique.
Éternel exilé, du Caire à Beyrouth, de Paris à Tunis, puis Amman, Darwich cherchait à ne parler que damour alors que la mort frappait à sa porte tous les jours.
Bravant la peur et les interdits, il délivra son message aux quatre coins de monde, offrant ainsi une autre approche que la seule revendication politique. Il participa à mieux faire connaître son pays, sa langue, sa culture, son peuple.
Avec la naissance de lAutorité palestinienne il prit du recul avec laction politique tout en restant fermement engagé contre les processus visant à brader sa terre las !
Depuis quelques années il sest retourné vers ses premières inclinations : le poème damour traditionnel. Laissant le temps au temps et la terre à la poussière, il semble avoir effectué dans ce virage littéraire un travail sur lui même quil aspirait tant mais que les événements ne lui permettaient pas.
François Xavier, en tant que poète et méditerranéen, perçoit sans doute mieux que quiconque la perspective qui se dresse face à luvre complexe de Mahmoud Darwich. Car celle-ci est double.
Militante et nationaliste, fervente et singulière, tout dabord, même si Darwich sen défend : ses textes ont été interprétés, chantés par des millions darabes dans le monde comme le symbole de la liberté, de la révolution ; et paradoxalement il sest toujours tenu en retrait du processus de paix, voulant garder sa voix libre et refusant tout compromis lorsquil sagissait de sa terre.
Mais il y a aussi les écrits au lyrisme épique qui narrent des histoires simples dhommes et de femmes, doliviers et de rochers, de soleil et de mer.
Dans la plus pure tradition arabe anté-islamique, baignée de cette lumière méditerranéenne, Darwich cherche au fond de son cur et puise dans le terreau de cette culture humaniste, dans ce creuset de nos civilisations (de Sophocle à Imru al-Qays, sans oublier lépisode andalou qui hante toujours la philosophie arabe) linspiration, fille volage et rebelle, qui vient ponctuer de sa sublime beauté les vers de lode à lamour entre les hommes.